Salers, Village médiéval
Les Barons
A l'origine, il y eut les Barons de Salers, vieille dynastie qui remonte aux premiers temps de la féodalité. Leur château se dressait sur une butte basaltique, la forteresse comportait le château fort lui même et une enceinte qui couronnait l'éminence. La baronnie s'étendait sur l'ensemble du plateau de Salers et sur la haute vallée de la Maronne avec droit de haute, moyenne et basse justice. Pierre de Salers en 1095 s'engage pour la première Croisade. Helme de Salers participe à la 7ème croisade en 1250. Il fut fait prisonnier avec le roi Saint Louis à la bataille de Mansourah et resta captif plus de dix huit ans en Egypte. A son retour, il trouva son beau frère installé au château. S'en suivirent querelles et procédures, la Seigneurie fut partagée, au XIV siècle, les Pesteils devinrent co - seigneurs de Salers. Mais la prééminence fut toujours reconnue à la Maison de Salers. En 1665, Louis XIV institua à Clermont une Haute Cour de Justice dite " les Grands Jours d'Auvergne " pour remettre au pas la noblesse de la province qui avait conservé, bien souvent, des pratiques féodales. François de Salers qui avait fait attaquer et tuer un de ses ennemis, fut condamné à mort par contumace, destitué de ses titres et droits, et son château rasé. Cette dernière sentence fut scrupuleusement exécutée, il n'en resta pierre sur pierre. La Baronnie fut vendue avec ses terres et ses droits à Annet de Scorailles, issu d'une branche cadette de cette illustre famille. Les Scorailles - Salers formaient une brillante famille de noblesse d'épée et ses nombreux fils servirent dans l'Armée Royale. A la Révolution, les privilèges féodaux furent abolis et la dernière baronne de Salers, Marie Françoise de Scorailles s'éteignit en 1820, sans descendance.
La ville de Salers
Une agglomération s'était peu à peu formée à l'ombre du château. Des artisans, des commerçants s'étaient établis et en cas d'attaque, sous la protection du Seigneur, pouvaient se retirer à l'abri dans l'enceinte de la forteresse. Mais les maisons étaient pillées, incendiées et notamment pendant la Guerre de 100 Ans où circulaient des bandes de Routiers qui répandaient la terreur dans toute la région. A la suite de nombreuses requêtes, et malgré l'opposition des Barons, ce n'est qu'en 1428, sous le règne de Charles VII, que le petit roi de Bourges, Charles de Bourbon, Duc d'Auvergne, autorisa les Salersois à bâtir des remparts ; ils ne furent construits que sur la partie haute de la cité, située sur un autre mamelon volcanique face au château. De nos jours subsistent de nombreux vestiges de ces murailles, ainsi que deux portes des trois portes fortifiées : les portes du Beffroi et de la Martille. En 1509, le roi Louis XII accorde aux habitants le droit d'élire tous les ans trois consuls, chargés d'administrer les affaires de la Ville. En 1550, est établit le Bailliage des Montagnes d'Auvergne. Ce tribunal royal présidé par un Lieutenant Général, comptait douze officiers. Cette institution apporta à Salers, déjà prospère, une plus grande notoriété. Sa juridiction s'étendait sur tout le nord ouest cantalien. Ce sont ces riches familles de magistrats qui firent construire les magnifiques demeures formant cet ensemble exceptionnel que l'on peut encore admirer de nos jours ( maisons du Bailliage, de Flogeac, de La Ronade, de La Farge, Bertrandy, etcÖ). Ces Hôtels essentiellement du XVème et XVIème siècles, bâtis en pierre volcanique avec leur lourde toiture en lauze reflètent tout le charme et l'élégance de la Renaissance. En 1790, le Bailliage fut supprimé et la ville perdit le siège judiciaire. Au 19ème siècle, Salers, devenue simple chef lieu de canton, s'assoupit, elle garda une fonction commerciale locale avec ses foires aux bestiaux et le marché aux fromages.